A l’approche de la Coupe du Monde de football au Brésil, le sélectionneur des Bleus s’est dit méfiant quant à l’utilisation des réseaux sociaux par ses joueurs pendant la compétition. La portée des propos d’un joueur, personnalité suivie et visible, peut avoir des conséquences nuisibles sur l’image du joueur en lui-même et sur celle de l’équipe.
Didier Deschamps envisage ainsi de restreindre l’accès aux réseaux sociaux à ses joueurs pendant le Mondial. Une idée qui semble bonne de prime abord : prendre le problème à la source pour éviter tout débordement. Sauf que, comme en foot, il ne suffit pas de surveiller uniquement les attaquants. Gare aux ailiers qui pourraient rapidement prendre le relais et s’infiltrer dans la défense. Les ailiers, ce sont les proches du joueur : compagne, épouse, famille, ou encore… maîtresse. Démonstration tactique, avec deux exemples récents issus du monde du foot.
Olivier Giroud et sa supposée maîtresse qui en rajoute une couche
En témoigne l’affaire Olivier Giroud qui avait fait grand bruit sur Twitter après la révélation de sa supposée infidélité dans les colonnes du journal The Sun. Alors que les supporters auraient pu se contenter des excuses du joueur tweetées pour calmer le jeu « Je présente mes excuses à mon épouse, ma famille, mon entraineur, mes coéquipiers et les supporters d’Arsenal », ils ont eu l’occasion de voir la soit-disant maîtresse entrer sur le terrain, tous crampons dehors : « Pas faute d’essayer, mais ce n’était pas vraiment de ton ressort, si ? »
(capture d’écran : sofoot.com)
Madame Giroud s’est elle aussi fendue d’un tacle glissé en venant défendre son mari sur Twitter : « Les français ne savent pas lire correctement les journaux anglais ; croient en tout ce qui lisent sur internet comme des cons… » Depuis, les comptes Twitter d’Olivier Giroud et de sa femme sont protégés.
Samir Nasri et sa compagne qui insulte le sélectionneur
Samir Nasri, milieu de terrain de Machester City potentiellement sélectionnable pour la Coupe du Monde 2014 ne fera finalement pas partie du groupe qui s’envolera pour le Brésil. Alors que le débat fait rage entre les amateurs de ballon rond pour savoir si cette non sélection est méritée ou non (apparemment oui), Anara Atanes, sa compagne a tenu à faire connaitre son avis très tranché juste après l’annonce de la liste par Didier Deschamps : « Fuck France and fuck Deschamps ! What a shit manager ! » Le premier concerné, lui, a réagi avec plus de mesure. Désormais, le compte Twitter d’Anara Atanes est lui aussi verrouillé, mais pas celui du joueur.
Merci a tous vos message de soutien c’est la vie une autre coupe du monde a la maison se qui ne tue pas rends plus fort
— Samir Nasri Official (@SamNasri19) 13 Mai 2014
Didier Deschamps avait donc raison de se montrer méfiant, et avait bien identifié les risques liés aux réseaux sociaux pour l’image de son équipe, voire de son pays. Mais il n’avait pas visiblement été assez loin dans son analyse des parties prenantes porteuses de risques. Les joueurs ne sont pas les seuls capables de déclencher des crises de e-réputation, leurs femmes le sont aussi, voire tout leur entourage. Et du coup, on peut vraiment mettre en doute la réponse apportée à ce risque, soit l’interdiction de tweeter et de poster sur Facebook…
Un règlement ou une formation pour limiter les risques ?
A lui de repenser son schéma tactique d’ici le Mondial pour choisir une autre solution que l’interdiction. Cela commencerait par une autorisation des selfies, et l’instauration d’un règlement par le service juridique de la Fédération Française de Football. En revanche, porter plainte contre la compagne de Samir Nasri ne semble pas être la meilleure idée qu’il ait eue.
D’autres règles, moins strictes et moins facilement contournables, pourraient être imaginées. Un accompagnement ou une formation destinée aux joueurs par exemple. Une façon de maîtriser la parole plutôt que de l’interdire. Et en ce qui concerne l’entourage, on imagine volontiers que les joueurs peuvent jouer un rôle de prescripteur et prêcher la bonne parole auprès de leurs proches pour les aider à maîtriser leurs propos.
L’exemple footballistique est très parlant mais les mêmes risques existent aussi en entreprise : interdire l’utilisation des réseaux sociaux aux salariés parait tout aussi inutile si leur entourage y est présent de façon visible, et si les liens peuvent être rapidement identifiés.
Sources :
lci.tf1.fr
sofoot.com
lci.tf1.fr
sudouest.fr
lejdd.fr
bfmtv.com
Photo : Creative Commons 3.0